« Free Pussy Riot »

1 Octobre 2012



Les ennuis des « Pussy Riot » ne font que commencer. Le Président russe ne digère toujours pas la « prière punk » qu'elles ont organisé contre lui. Ce dernier est bien décidé à leur faire payer très cher leur insolence.


« Free Pussy Riot »
Le 1er octobre est le jour du procès en appel du groupe punk russe « Pussy Riot », composé notamment de trois jeunes femmes : Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans. Pour avoir joué une « prière punk » anti-Poutine dans une église orthodoxe, la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, les trois musiciennes ont été arrêtées en février 2012, puis condamnées à deux ans de prison en août dernier, pour « hooliganisme et incitation à la haine religieuse ». Fondé en 2011, le groupe punk féministe se déclare volontiers anti-religion et anti-Poutine. Leur marque de fabrique, une cagoule colorée, a été reprise par de nombreux soutiens dans le monde, en réaction à leur condamnation jugée excessive, dans un pays où le Président et le Premier ministre viennent de s’échanger leurs postes.

En effet, elles ont été nominées pour le prix Sakharov pour la liberté de pensée – du nom de l’opposant au régime soviétique et Prix Nobel de la Paix 1975 – du Parlement européen, tandis que Yoko Ono a souhaité leur décerner son prix « LennonOno » pour la paix

Elles ont été inspirées par des mouvements féministes comme FEMEN, ayant différents groupes dans le monde. Créé en Ukraine en 2008, et ayant récemment ouvert un bureau à Paris, le groupe Femen (« cuisse » en latin) a pour slogan : « sors, déshabille-toi et gagne », en raison des manifestations seins nus organisés par ses membres. Son fondement est la lutte pour la démocratie et pour plus d’implication des femmes en politique pour défendre leurs droits dans leur pays, ce qui a d’ailleurs entraîné des intimidations de la part des autorités. Par la suite, le mouvement a évolué vers une lutte, entre autres, pour la démocratie, la liberté d’expression, le droit des femmes, comme en témoignent leurs rassemblements. On notera qu’en France, l’association « Osez le Féminisme » se bat également depuis quelques années pour l’égalité hommes-femmes et contre les discriminations envers les femmes. De la même façon, des « Slut Walk » (ou marche des salopes) ont été organisées au Canada depuis 2011, mouvement de protestation anti-machiste, lancé à la suite de la déclaration d’un policier qui établissait un lien entre la tenue vestimentaire d’une femme et la probabilité à être victime d’un viol. Tous ces mouvements sont considérés par certains analystes comme la « quatrième vague féministe », faisant suite à celle des années 1980.

Les Pussy Riot soulèvent ainsi plusieurs réflexions sur la Russie d’aujourd’hui : celles de la liberté d’expression, de la démocratie, et du pouvoir de l’Eglise orthodoxe. Leurs actions s’inscrivent également dans un mouvement plus large touchant au renouveau actuel du féminisme, dans un monde où les droits des femmes ne sont pas encore totalement respectés. Au moment où nous écrivons ces lignes, leur procès en appel a été reporté au 10 octobre, une des accusées ayant révoqué ses avocats.

Pour plus d’informations, consultez : http://freepussyriot.org/

Notez


Laura-Lise Reymond
Ex-responsable du pôle traduction et rédactrice à ses heures perdues. En savoir plus sur cet auteur